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ôtées, les ménétriers sonnèrent pour danser. Oriante dansa avec plusieurs chevaliers sans s’occuper de Guillaume, parce qu’elle voulait rendre impossible tout soupçon. Puis les danses furent coupées de chansons, de récitations amoureuses ou joyeuses, et là encore, de bien loin, personne ne l’égala. Elle dit tous les poèmes que sire Guillaume avait le plus aimés. Et ce court moment déroula devant lui d’interminables souvenirs, accumula dans son âme une vie de douleur. Cherche-t-elle à l’émouvoir ou simplement recourt-elle à ce qui peut le mieux porter sur son auditoire ? Aux yeux du jeune homme, c’est une impiété et une trahison. Des phrases qui jadis voltigeaient si doucement d’arbre en arbre dans le verger, des paroles caressantes et familières comme des