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Le prince d’Antioche, l’évêque et les chevaliers causèrent paisiblement et fortement du grand projet qu’ils poursuivaient ensemble d’organiser une cité mi-syrienne, mi-franque, dont l’âme serait chrétienne. Oriante comprenait et flattait ces ambitions avec une prodigieuse habileté. Au-dessus de tous brillait son génie de fantaisie et de libre grâce ; cependant, elle se montrait parfaitement simple et bonne envers chacun de ces chevaliers, qu’elle traitait en vieux amis. Quand elle parlait, fût-ce au plus humble, c’était toujours en riant, et ses doux propos faisaient du bien ; aussi leurs regards s’attachaient avec admiration sur son visage fier et mobile, et chacun d’eux, en voyant tant de bonté unie à tant de beauté, croyait à un séraphin descendu du ciel.