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J’ai trop entendu ce qui se dit dans le silence du fond de votre âme et qui refuse de renier celui sur qui vous vous bornez à me donner la primauté, en gardant un opiniâtre orgueil de son amour qui m’offense.

— Pourquoi êtes-vous jaloux de ce chrétien ? Vous ne l’étiez pas de mon seigneur musulman.

— Je ne l’étais pas.

— Pourtant j’ai dormi des années sur son cœur.

— Vous ne l’aviez pas choisi, moi existant. Il était antérieur à notre premier regard et pour ainsi dire à notre naissance. Ce n’était pas une injure à notre sentiment. Il ne me volait pas mon espérance. Je suis jaloux des rêves que vous faites avec ce nouveau maître. Pour supporter toutes les douleurs qui