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placable soleil de Syrie et la volonté d’Oriante collaboraient pour le corroder, le dissoudre, en sorte qu’il ne restait de son être que son amour qui lui faisait mal.

Le soir, il voyait à quelque cent mètres, par-dessus la rivière, la lune bleuir les jardins du harem, et de son cœur une longue prière montait vers le bel oiseau transformé dont ils demeuraient la cage. C’est par une nuit semblable qu’il a, pour la première fois, entendu la Sarrasine épanouir son âme en trilles harmonieux, et qu’il fut arrêté net dans sa libre marche à travers la vie. Parle ou tais-toi, magicienne, ton chant continue d’agir au fond d’un cœur empoisonné. Fréquemment, pour quelque fête, sous les espaces pleins d’étoiles, la cime des arbres de Qalaat