Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et lui :

— Oriante, après tant de jours écoulés, je retrouve enfin ta voix, ton regard, et tout ce qui rayonne de toi m’enchante et me fait mal. Combien j’ai souffert, en revoyant notre palais, nos allées, notre prairie, ces lieux où tu as continué, moi parti, de subir la vie. Quelle douleur de t’y voir joyeuse ! Est-ce un crime de maudire tes jours, si j’en suis absent ? Le crime n’est-il pas plutôt de me saisir, malgré moi, des offrandes de ta présence ?

Le charmant visage aux yeux pleins de feu, penché sur lui, l’empêcha de poursuivre plus avant une plainte devenue mensongère. Et tandis que les deux amants demandaient au plaisir d’apaiser et de confondre leurs âmes, Isabelle s’occupait à préparer les pro-