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retour, s’est jetée sous mes yeux dans les bras de son nouveau maître.

C’est la fièvre et l’excès du chagrin, comme le montre sa figure ravagée, qui le font parler si durement. Mais Oriante, surmontant l’émoi de cet accueil violent, va droit à son agresseur, les yeux dans les yeux, la parole et l’âme tout en flammes :

— Sans me plaindre, sur ces cailloux, sans avoir peur de la mort qui ne me serait pas épargnée, brûlée du soleil, déchirée par les ronces, j’accours, je viens me jeter par amour sur cette misérable natte, et ce sont des reproches que je trouve dans ta bouche, et, plus encore, dans ton cœur. Cependant quel crime ai-je commis ? J’ai cédé à la force, je suis entrée malgré moi dans le lit d’un nouveau maître. Faut-il me tuer