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plaisir tendre et de fierté, et tout à l’heure un flot de honteuse tristesse m’a flétri le cœur quand je l’aperçus. Elle m’était le paradis vivant, quelque chose au-dessus de la terre, une musique d’enchantement, et voici que je reçois de son clair visage et de son regard toutes les misères humaines. Je voudrais qu’elle mourût, et pourtant je ne puis pas renoncer aux lambeaux de notre bonheur. Qu’elle périsse avec moi ou qu’ensemble nous soyons heureux !

En parlant ainsi, il serrait dans ses bras Isabelle et, les yeux fermés, couvrait sa figure de baisers qu’elle repoussait doucement, un peu épouvantée et disant :

— N’oubliez pas que je suis Isabelle, non Oriante.

— Je l’aime et la hais, je suis trop