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plénitude que mettait dans son âme et son corps la confiance d’être aimé par celle qu’il aime, succède chez Guillaume un vide affreux. Toute la force physique et spirituelle que lui donnait son trésor secret s’écoule massivement, en une seconde, comme d’une outre crevée par un coup de poignard. Et d’épuisement le malheureux s’endort sur le gazon.

Agité par les rêves et le chagrin, il se retournait fiévreusement sur cette terre ingrate, quand sous la nuit qui commençait il crut entendre murmurer son nom, et peu à peu, le sentiment lui revenant, il distingua une figure penchée sur lui et la douce chaleur d’une jeune bouche qui lui parlait d’une voix basse, avec une tendre amitié. Il reconnut Isabelle. Et tout de suite, s’attachant à elle avec un furieux désespoir :