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-t-elle pas ? Sa barbe longue, ses cheveux emmêlés, son regard fiévreux le masquent, mais un cœur fidèle ne devrait-il pas pressentir et savoir ?

Dans un premier moment de désespoir, il s’est laissé dépasser, mais bien vite il court les rejoindre et les accompagne, sans se rassasier de souffrir. Il marche à leur pas au milieu de la foule ravie. Toutes sont les mêmes et transfigurées. Elles ont échangé leurs larges pantalons de houris contre des robes de dames chrétiennes et même pris une expression de décence et de pudeur. Elles portent, comme jadis, enroulés au-dessus de leurs poignets, des chapelets de boules d’ambre, qu’une croix maintenant termine, et tiennent dans leurs mains des missels marquetés d’or et de bijoux. Mieux qu’autrefois elles