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devant de son imagination pour repousser le reste dans l’obscurité.

Rentré chez lui, il se jeta sur une natte et resta plongé durant vingt-quatre heures dans ses méditations. La nuit, il se disait : « Je ne crois pas qu’elle veuille demeurer un si long temps sans connaître le plaisir, ni que personne de ceux qui la voient et qui sont des vainqueurs accepte sa retenue. » Au matin il se rejetait violemment sur cette autre idée qu’un jour il la rejoindrait et qu’ils mourraient de bonheur à pouvoir vivre l’un pour l’autre. Il eût voulu s’approcher de son amie, après qu’elle s’était endormie, et juger sur son visage sans feinte ce qu’elle méritait de confiance. Mais il se faisait violence pour s’interdire ces indiscrétions, voulant demeurer digne d’un si grand amour, et il se con-