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— Tu n’as rien à craindre. Ne suis-je pas née pour désarmer l’univers ?

Elle disparut dans le harem. Isabelle, sans l’entendre, avec une rapidité fébrile, puisait à pleines mains, dans les grands coffres, des sequins, des pierreries et des perles qu’elle nouait dans des châles de l’Inde et des foulards de Perse.

Au bout de quelques minutes, Oriante revint, coiffée d’un diadème, les cheveux sur les épaules, à la fois reine et suppliante, brûlante de désespoir et de fierté. La tendre fille ne put retenir un cri d’admiration et de douleur :

— Que tu es belle, Oriante !

— N’a-t-il pas dit que nous devions être des cadavres étincelants ! Passe à ton col ces perles et à tes mains ces émeraudes, prends ce voile d’or.