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moi qui rassasiée de bonheur m’indignais jusqu’à la souffrance qu’il pût y avoir sur l’horizon des gloires qui me fussent refusées. Je me glisserai dans les ténèbres, vers un humble refuge incertain, avec mon cœur tout enflammé d’ardeur pour la lumière et les sommets. Je serai l’un de ces cygnes salis qu’on voit piétiner loin de leur rivière natale. J’avouerai ma déchéance, j’appellerai sur mon nom la pitié au lieu de l’envie, je reconnaîtrai moi-même que je doute de ma séduction et n’ai plus foi en mes sortilèges..... Je le veux, mais le puis-je ? Si mon amour me le commande, mon orgueil me le défend. Mon amour consent à dire « oui », mais d’un lieu plus profond que mon amour des « non », sourds, aveugles, obstinés, que je ne puis étouffer, veulent arrêter ma retraite et m’en-