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Mais en le pressant dans ses bras, elle lui dit :

— Merci de votre bonté, et sachez bien que jusqu’à ce que je vous revoie, je veux penser à vous sans que vous ayez nulle part, jamais, une meilleure amie.

Quand il fut sorti, ses sentiments éclatèrent. Le regard assombri et comme rendu aveugle par ses pupilles trop dilatées, les mains glacées dans les mains d’Isabelle qui la suppliait, saisie d’une sorte de vertige, toute émotion et vibration, hors d’elle-même, elle vaticinait :

— Vais-je cesser d’être Oriante ? Il faut donc fuir en courbant la tête, accepter un destin plus humble et nous ranger à la décision d’une volonté qui doute de sa puissance ? Nous laisserons tomber sans étreinte notre royauté. Je vais consentir à cet amoindrissement,