Page:Barrès - Un jardin sur l’Oronte, 1922.pdf/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

dressée et agitait au-dessus de sa tête une écharpe. Toute autre qu’elle, il l’eût précipitée au pied du donjon. Quoi ! Désirait-elle être remarquée par celui qu’elle n’avait qu’à détester et à craindre ? Dans la soirée, elle nia avec une prodigieuse assurance ce qu’il était bien sûr d’avoir vu. Il la crut troublée jusqu’au délire. Pouvait-elle être si différente de la haute personne raisonnable qu’il admirait depuis le début du siège ? Il fut détourné d’en faire trop de réflexions par la folie générale qui envahit la forteresse, maintenant qu’on savait l’extrême péril de la situation.

« Les gens de Qalaat, raconte la chronique, étaient comme ivres ; ils ne comprenaient plus ce qui se disait. Leurs figures devinrent noires et ils perdirent complètement le gouvernement d’eux-