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— Souviens-toi de moi dans ces minutes, où, pour la dernière fois peut-être, ici, nous nous étreignons… Je m’arrête, car à te caresser, je sens mes yeux se mouiller de pleurs. Va, souviens-toi qu’en t’embrassant je pleurais.

Ce soir-là, comme ils faisaient souvent, ils montèrent sur le donjon de la forteresse. C’était une de ces nuits toutes bleues, si communes en Syrie. Oriante suivait la conversation de sire Guillaume avec un faux intérêt. Son regard et son accent avaient quelque chose de machinal ; elle laissait sa main dans les mains du jeune homme, mais c’était une main inerte, et il semblait que son âme fût tournée ailleurs. Durant de longues semaines, tout en elle avait été tendresse, grâce, lumière de l’amour et