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s’était épuisée, il faudra qu’il rejoigne la Sarrasine et que de sa voix, de son regard, de tout ce qui émane de son corps et de son âme, elle le recharge de confiance.

Les deux jeunes gens craignaient à toutes les minutes une révolution intérieure ou l’assaut victorieux des chrétiens. Ce danger constant, cet encerclement de menaces développaient chez Oriante je ne sais quoi d’exalté dans la tendresse, chez le jeune chrétien un invincible élan du désir, et chez tous deux l’ardeur insensée des éphémères qui, voulant surmonter la brièveté du temps par l’intensité de la passion, s’écrient : « Si nos forces doivent être brisées par le destin, que ce soit l’amour plutôt qu’un coup sanglant qui nous désarme. »