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Qalaat flottaient ces hymnes de gratitude qui surgissent du fond de l’être, après le plaisir, comme des fleurs mystérieuses épanouies en une nuit à la surface des eaux profondes. De ces caresses et de cette âme qui viennent de l’accueillir, Guillaume emporte un sentiment si fort qu’il les quitte presque avec joie pour mieux en jouir et pour vivre dans une imagination d’amour et de beauté, plus forte qu’une présence réelle. Ce n’est qu’après un délai qu’il aura besoin de revoir son amie et de repeupler auprès d’elle ses forces. Il s’agite, il chante, il se remémore et bénit le ciel. Mais dans quelques heures, après ce répit de quiétude, de large respiration et d’une sorte d’immunité, sous peine d’une angoisse bientôt intolérable, et comme si sa provision de vie