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de croire que jamais aucune de vous ne m’a montré de sympathie. Vous simulez ou dissimulez avec une telle perfection qu’on ne sait plus à quel moment vous êtes sincères.

— Eh ! Vérité de mon âme, sans notre art de mentir, nous péririons. Quand Oriante repose auprès de l’Émir, seuls tous deux sur leur divan, et que dans le silence elle entend battre son propre cœur, crois-tu qu’elle ne redoute pas que son Maître n’en comprenne l’alphabet ! Elle s’enveloppe en hâte de mots qui sont des fleurs et des parfums, pour l’étourdir et le distraire. Mais de toi, sache ce qu’elle me disait hier : « Je suis heureuse de penser qu’alors que je dors et repose comme une enfant paisible, un ami venu des extrémités du monde veille sur mon som-