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Tout y était assemblé pour donner l’image d’une vie proche du ciel, les fleurs, les parfums, la jeunesse, la beauté, les chants et les lumières. Il y trouvait l’Émir au milieu de ses femmes, ou seul avec Oriante. Mais nulle d’elles ne semblait apercevoir le jeune chrétien. Il n’était plus qu’une ombre que leurs regards traversaient pour ne s’attacher qu’au Maître, et celui-ci, elles l’enveloppaient de rires, de flatteries, auxquels la Sarrasine joignait ses ensorcellements les plus tendres.

Sire Guillaume se laissa aller à s’en plaindre à Isabelle dans une des rares nuits qu’il pouvait encore passer auprès d’elle :

— Vous me négligez, toutes, avec un naturel qui m’épouvante. Quand vous m’ignorez à ce point, je suis tenté