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enthousiasme sacré. Devant le lit d’hôpital où gît le corps de son fils mort, un père pleure ; la mère, une paysanne, lui prend la main : « Faut avoir du courage, mon homme. Tu vois bien que le petit en avait. » — Un soldat de Bagnères-de-Bigorre, jardinier à Lourdes, grièvement blessé meurt à l’hôpital de l’Institut : sa femme, appelée par dépêche, arrive trop tard. Devant le corps glacé, elle dit simplement : « Il est mort pour la patrie. C’était sa mère, je ne suis que sa femme. » — Mme de Castelnau, la femme du chef illustre, est à la table de communion ; elle prie pour ses trois fils qui se battent. Mais voici que la main du prêtre qui lui présente l’hostie tremble. Elle a compris et dit simplement : « Lequel ? »

C’est que les mères françaises soutenues par une force surnaturelle croient que leurs fils en tombant pour la France trouvent, plutôt que la mort, leur épanouissement. L’une d’elles, qui ne veut pas que nous la