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pays. C’est avec le même mot et le même amour que meurent les soldats d’aujourd’hui. « Au revoir, écrit Jean Cherlomey à sa femme, promets-moi de n’en pas vouloir à la France si elle m’a voulu tout entier. » — « Au revoir, c’est pour la France, » dit en mourant le capitaine Hersart de La Villemarqué. — « Vive la France, je suis content, je meurs pour elle ! » dit le brigadier Voituret, du 2e dragons. Et il expire en essayant de chanter la Marseillaise. — Albert Malet, dont les manuels ont enseigné l’histoire à nos écoliers, s’est engagé pour la guerre ; une balle l’atteint a la poitrine. Il s’écrie : « Mes amis, en avant ! Je suis heureux de mourir pour la France. » Et il s’affaisse sur les fils barbelés devant la tranchée ennemie. — « Vive la France, je meurs, mais je suis content ! » crient tour à tour l’un après l’autre des milliers de mourants, et le soldat Raissac du 31e de ligne, blessé à mort le 28 septembre 1914, trouve avant d’expirer la force d’écrire au dos de la