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persuade. Nous entendons ceux qui nous disent que la France est un chef-d’œuvre réel et tangible dont il faut maintenir et perfectionner les formes ; qu’elle ne peut pas vivre sans Metz et Strasbourg ; qu’elle a besoin d’équilibrer son Midi avec des populations du Nord et de l’Est ; qu’elle sera désarmée, ouverte, tant qu’il lui manquera ses frontières naturelles… Mais beaucoup demeureraient froids. Et pour se sacrifier, les fils de France veulent toujours n’être pas morts uniquement pour la France.

Il est arrivé que la France brisât la chaîne de ses traditions et perdît jusqu’à ses souvenirs, cependant elle demeurait fidèle à son âme. Dans chaque génération elle fait revivre des Roland, des Godefroy de Bouillon, des Bayard, des Turenne, des Marceau, ne sût-elle plus leurs noms, et toujours elle s’enivre avec des sentiments dont elle ne change que les formules.

Parfois le poème sommeille : jamais il ne