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mont, celui dont le petit-fils allait connaître Jeanne d’Arc) dit à Joinville qui partait pour la Croisade : « Vous en alès outre mer, or vous, prenés garde au revenir, car nuls chevaliers, ne povres ne riches, ne puet revenir qu’il ne soit honnis, s’il laisse en la main des Sarrazins le peuple menu Nostre Seignor, en laquel compaignie il est alez. »

Driant qui se traîne sous la mitraille pour porter l’absolution à un lieutenant qui se meurt… c’est Guillaume d’Orange venant au secours de son neveu Vivien à la bataille des Aliscamps. Il arrive trop tard, il combat longuement pour le rejoindre, ne parvient pas à le retrouver, ni vif, ni mort. Le soir approche. Il chevauche par le champ, très las. Sur son front que le cercle du heaume enserre, des gouttes de sang tombent comme de la couronne d’épines. Il cherche vainement Vivien. Enfin, sur l’herbe, à ses pieds, il reconnaît, hérissé de flèches, l’écu de l’enfant. Plus avant, non loin d’une source, sous la