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Mais quoi ? dans les autres armées aussi on est brave…

Ce qui est particulier et ce qui a frappé votre grand Rudyard Kipling comme une splendeur qu’on ne voit nulle part ailleurs à ce degré, c’est l’attachement des soldats français pour leurs chefs, et des chefs pour les soldats et de tous entre eux.

Parmi eux, nul mensonge possible. C’est une vie de vérité et de la part de tous. Au début, il existait une nuance de sans-culottisme, une sorte de goguenardise, où survivait à l’encontre des chefs chez le soldat citoyen un sentiment excessif de l’indépendance. Mais depuis, sous les épreuves communes, ce sentiment dangereux s’est mûri et ennobli. Ces hommes continuent à se regarder les uns les autres avec une critique aussi sévère, mais en prenant pour mesure les services rendus au bien commun. Ils ne s’attachent plus qu’aux vrais supériorités, celle de l’esprit, celle du cœur.