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trouvé depuis 1870 tant d’hommes et tant de pays pour croire que nous en avions démérité ! On doutait de nous, on disait : « Ils ne sont plus les mêmes… La France est une nation du passé, une vieille nation… »

Comme on insistait sur ce mot : une vieille nation ! C’est vrai, la France existait quand il n’y avait pas encore un sentiment allemand, un sentiment italien, anglais ; c’est vrai, nous sommes la nation qui, la première de toute l’Europe, a eu l’idée qu’elle formait une patrie ; mais on ne s’explique pas que ces grands titres aient pu nous discréditer auprès des nations plus récentes.

Parmi ceux qui parlaient ainsi, beaucoup nous regardaient sans haine, parfois même avec sympathie. La France, pensaient-ils, a accumulé un immense trésor de vertus, de hauts faits, de services rendus, de gloires incomparables ; mais, aujourd’hui, elle est au milieu de tout cela comme un vieillard au soir de la plus belle vie, ou mieux encore