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toire, un fond bien touchant de tendresse. Ces lettres, le courageux enfant les écrit à ses parents. A-t-il cette tranquillité toujours dans son cœur ? Je le crois. Mais je suis sûr aussi qu’il veut la donner aux siens. Eh ! ne cesse-t-il de leur répéter, en fin de compte, c’est un enrichissement d’images et de sensations :

Je suis heureux comme un homme à qui l’on offrirait une touffe de roses à respirer. Et puis l’habitude de ne contempler que des spectacles de la plus grande poésie m’agrandit l’âme… Cette campagne aura été pour moi, comme je m’y attendais, une excellente épreuve. Elle m’aura fait un homme ; elle m’aura appris que je puis m’assurer toujours sur moi-même. Elle m’aura élargi la vue (toute ma vie intérieure est devenue plus facile, plus large — large comme une avenue où j’aimerais voir aller et venir beaucoup de passants) — surtout en me montrant les effets que peuvent avoir sur les autres un visage égal, souriant, accueillant à n’importe quelle heure, et quelques bonnes paroles.

À chacune de ses lettres, sa conclusion ne manque jamais d’être qu’il se tient désor-