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grand talent, elles respirent la confiance d’un jeune intellectuel qui, parlant à sa famille, à des amis sûrs, à son ancien maître, M. Paul Desjardins, ne craint pas d’étaler sa fierté et sa liberté spirituelle. Ce sont autant de petites méditations où l’on voit que le jeune soldat ne cherche et ne rencontre que lui-même dans tout le chaos de cette guerre. Roger Cahen ne s’aventure pas au-delà du cercle de clarté que répand sa petite flamme intérieure : « Je ne crois à aucun dogme d’aucune religion », écrit-il. C’était son opinion avant la guerre ; il s’y confirme en décembre 1915, deux mois avant sa fin héroïque. « Je viens de lire la Bible. Elle est pour moi un recueil de contes, de vieilles et charmantes histoires. Je n’y cherche et n’y trouve pas autre chose que des émotions poétiques. »

Ce sont des émotions poétiques encore qu’il cherche dans la guerre, et il en trouve de fort belles. Je le crois tout à fait quand il écrit : « J’ai en moi une abondance de