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Les libres penseurs issus du catholicisme ou du protestantisme vivent, pour une grande part, du vieux fonds chrétien ; durant des siècles, ils furent préparés dans les petites églises de village. Mais ces israélites, de quoi sont faits leur dévouement et leur acceptation ? Que leur a dit la Sagesse qui repose dans l’ombre de la vieille synagogue ? Vers quel synonyme de Jéhovah sont-ils inclinés quand ils prononcent le Fiat voluntas tua ? Et comment se nuance leur consentement sur cette gamme morale qui va de l’attente douloureuse au joyeux appétit du sacrifice ?

Un jeune juif nous donne une réponse à ces grandes questions. Roger Cahen, sorti depuis peu de l’École normale supérieure, âgé de moins de vingt-cinq ans, est sous-lieutenant dans les bois de l’Argonne. Sous le feu allemand, il se livre avec volupté à des examens de conscience dont ses lettres nous donnent le dessin. Claires et fortes, avec tous les germes qui annoncent le