Page:Barrès - Les Diverses Familles spirituelles de la France, 1917.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

droit d’épanouir leur nature la plus complète.

De ce point de vue alsacien, les protestants s’assurent que la cause des Alliés est la plus juste pour laquelle on se soit jamais battu. Et cette vérité fait leur second réconfort. Contraints à défendre la liberté de la France, nous luttons du même coup pour la libre respiration des petits peuples. Sans cette certitude, beaucoup de protestants seraient bien troublés et comme paralysés, incapables d’agir. Ils n’auraient pas suivi aisément le drapeau de leur pays dans une guerre d’agression.

« Mon cœur de citoyen n’est pas inquiet, écrit le sergent Pierre de Maupeou, tué à vingt-cinq ans, mais mon cœur de chrétien l’est souvent. Il y a deux sentiments incompatibles qui s’agitent en moi, je ne crains pas de le dire. La morale des hommes n’est pas celle de Dieu… »

Ce sergent du génie est un brave entre les braves. Ses deux citations à l’ordre de