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La vie familiale des pasteurs, en se mêlant à leur vie sacerdotale, a fourni au cours de ces deux années de beaux traits que les fidèles recueillent comme des leçons et des exemples, pour supporter vaillamment les angoisses de la guerre.

Le pasteur Camille Rabaud, vieillard plus qu’octogénaire, de vieille souche cévenole, avait deux petits-fils. L’aîné tombe au champ d’honneur. « Sa mort m’encourage, écrit le cadet ; désormais nous serons deux. » À son tour, il est frappé ; alors, le vieillard se présente au Temple et veut monter en chaire. On cherche à l’arrêter. Dans son grand âge, un tel effort ! Il répond : « Ils ont marché, je marcherai ». Il prêche, il tire argument de ses morts pour réconforter les fidèles de Castres. Et de même, à Nîmes, le pasteur, le vénérable M. Babut, ayant perdu un fils, cherche à faire de sa douleur la consolation des autres. M. Babut est ce pasteur qui, au début de la guerre, écrivit la lettre la plus