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rayonnantes, qui arrivaient au poste de secours avec de très laides blessures et après des assauts furieux, et qui, tout secoués d’enthousiasme, ne savaient que dire au major : « Les Boches sont percés ; ils sont chassés de France. Nous les avons vaincus, que c’est beau ! » Et ils daignaient alors parler de leurs plaies.

» Et ce prêtre finissait toujours ses histoires par cette phrase fièrement et tristement jetée : « Nous avons fait notre devoir. Vous qui arrivez, faites comme le 20e corps. Et dites-vous bien que les morts au champ d’honneur vont tout droit au ciel. »

Quel élargissement de l’être ! Il y a chez cet aumônier quelque chose de plus que la compassion, la gratitude et les transports d’un patriote et d’un cœur généreux devant des êtres admirables. Il voit ses soldats comme des victimes innocentes et volontaires qui rachètent de leur sang les fautes de l’humanité. Comment s’étonner qu’une