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j’aperçus un prêtre, sale, en bonnet de police, avec un écusson 79 sur ce bonnet, à la figure jeune et énergique, étonnamment énergique, qui priait à genoux, en pleurant. Je me dirigeai vers lui, à travers des rangées de tombes d’officiers du 20e corps, une centaine environ, aux croix de bois toutes neuves, et comme je partais à l’attaque, je lui demandai de me confesser. Alors il se leva et me dit : « Cela, c’est la tombe de mon commandant. Ils ont été admirables ! Quel exemple ! » Et me prenant par le bras, il m’emmena après avoir ajouté : « J’ai tenu, avant que le régiment ne parte au repos, à venir leur dire « au revoir », au nom de leurs gosses ». Il pleurait tout en gardant sur le visage une expression d’énergie étonnante… Et, après m’a voir confessé, il me parla longtemps, longtemps. Ses yeux brillaient de fièvre en racontant ce que le 20e corps avait fait. Et sa voix avait un son étrange, un son si douloureux et si fier : « Ah ! quels