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talité, conviction tranquille et lumineuse, les rend à peu près capables du sacrifice exigé.

Souvent, des protestants, des libres penseurs, ayant assisté à de tels entretiens, disent au prêtre le profit qu’eux-mêmes en retirent. Un officier, voyant l’auditoire, les chants, le réconfort, s’écriait : « Quelle superbe manœuvre morale ! », et parfois il arrive qu’un grand chef demande aux aumôniers de parler aux hommes à la veille d’une action. (Cf., dans la « Revue des Jeunes », le récit de l’abbé Thellier de Poncheville sur la préparation des affaires de Champagne en septembre 1915.)

Ces interventions, très puissantes sur les troupes recrutées dans les régions de foi vive, ne produisent pourtant leur effet qu’autant que l’orateur, son sermon terminé, s’associe aux risques qu’il a prêché de mépriser. Et il s’associe. Écoutez !

Auffray, aumônier bénévole au 10..e corps colonial : « Venu du Brésil pour réclamer, malgré son grand âge, sa part des dangers de la guerre, s’est fait tuer