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un prêtre de bataillon, je prêche un quart d’heure, en remuant des idées fondamentales, toujours les mêmes. La grande difficulté est de rester humain, d’échapper aux formules pour entrer dans ces cœurs. Qu’est-ce qui leur est immédiatement accessible ? Tout ce qui donne réponse aux questions qu’ils retournent éternellement dans la boue des tranchées et la solitude du front. Il faut rester avec eux, tout près d’eux. Il faut que les paroles répondent à un besoin. Ils ont horreur de ce qui sent le mot et la formule. Je leur parle de Jésus-Christ, parce que c’est une personne. Ce sont toujours des êtres qu’ils cherchent. Pour mes paysans vendéens, Dieu, Jésus-Christ, l’Église, l’âme immortelle sont des réalités sensibles. Et quand je les sens plus inquiets, quand on a l’air d’annoncer ceci et cela, ce qui les remonte, c’est l’espérance des chrétiens. Ils retrouveront leurs familles, dans leurs villages, après la paix, ou, s’ils tombent, dans le ciel. L’immor-