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variété, messes, saluts, sermons ; tout cela bien beau, secourable aux croyants, à tous les gens d’imagination. Mais je vais à l’âme du pauvre homme moyen. C’est elle, la réalité vivante, qu’il s’agit de toucher et de fortifier. Qu’a-t-elle goûté là ? Quelle consolation ? Beaucoup de soldats, même bons catholiques, possèdent-ils l’instruction suffisante pour participer pleinement au sacrifice d’un Dieu sur l’autel ? Une messe où il n’y aurait pas le sermon et le grand chant d’ensemble qui élève, entraîne, émeut, serait d’un faible profit. Pour la masse des soldats, elle vaut surtout pour les rattacher à ce qu’ils faisaient autrefois. Elle rend ce dimanche de guerre à peu près semblable aux dimanches du pays. Dans les minutes de silence, regardez-les : ils sont bien loin de cette église lorraine, champenoise ; ils sont dans l’église de chez eux. C’est dans l’église de leur village qu’en esprit ils assistent à la messe avec leur femme.

Chaque soir, au cantonnement, me dit