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Il s’en tient le plus souvent à l’apostolat de la parole, au réconfort d’homme à homme, ou bien à la communion portée individuellement.

Le prêtre soldat, s’appuyant sur l’inséparable gourdin des poilus de l’Argonne, porte les hosties sous la capote bleu horizon, et va les donner aux fidèles dans une guitoune abandonnée. (Cf. Lettre de H. R., membre de l’Association catholique de la jeunesse française. Dans le Bulletin de l’A. C. J. F.) Nul n’a remarqué cette visite quasi muette, sans bruit, insignifiante, mais elle ouvre à l’imagination de ces communiants le chemin de leur village et le chemin du ciel. Au soir, comme Jacob, qui dispose une pierre pour son oreiller, et dans son sommeil, voit le monde invisible, ils se sentiront assistés, et, près de s’endormir dans la boue des tranchées, ils remercieront avec effusion une présence divine.

Au cantonnement, les cérémonies du culte se développent plus à l’aise dans leur