Page:Barrès - Les Diverses Familles spirituelles de la France, 1917.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cires brûlent dans deux lanternes d’écurie ; les assistants regardent, écoutent, chantent, prient, masqués aux avions par ce qui subsiste du taillis.

Dans ce cadre peuvent se placer mille variantes de détails, mais toujours, ce qui domine tout, c’est la pensée de la mort. Elle est dans le ciel, dans les cœurs, et crée une émotion de fraternité. La grande prière se déroule et s’élève. Un groupe de soldats vient s’agenouiller au bord du talus ; le prêtre les communie. « Ceux qui sont agenouillés ici, qu’ils succombent à leur devoir, ils se retrouveront au ciel… » Ainsi parle l’Église, et qui pourrait demeurer insensible à ces grandes promesses qu’ont accueillies nos parents, et qui nous relient à leurs tombes ?

Toutefois, aux tranchées, les messes sont rares. L’aumônier se fait scrupule de rassembler dangereusement les hommes, et de créer une obligation de conscience à des enfants qu’il priverait de leurs heures de repos.