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ceux dont le parti dirigeant se méfiait le plus parce que la logique de leurs doctrines les entraînait à vouloir étendre aux partis de droite les libertés qu’ils réclamaient pour eux. De là les ennuis de notre administration, que cette attitude gênait beaucoup.

» Nous, les modérés — lire, les réactionnaires — dans la Presse de l’Enseignement, par principe, par respect pour l’ordre, la discipline, nous soutenions l’Administration, qui ne nous en savait aucun gré, on devine pourquoi, et logiques, également, nous tapions dur sur les syndicalistes, les révolutionnaires, ennemis de toute autorité.

» Cette lutte s’estompe dans un passé qui paraît lointain, et, maintenant que les rancunes sont tombées, avec l’ardeur de la bataille, que les dangers communs ont réuni, côte à côte, les ennemis d’hier, il est plus facile d’apprécier sainement l’intention dans le fait, jugé autrefois répréhensible, lorsqu’une occasion nous reporte à ces anciennes histoires. Le syndicat des fonctionnaires, erreur d’hier, peut devenir la vérité de demain. Avant la guerre, il était présenté comme un état anarchique menaçant pour une société qui se sentait minée par le relâchement