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collègue, l’instituteur syndicaliste Albert Thierry, éclaire singulièrement l’opinion que depuis la guerre, je me suis faite sur la vraie mentalité des instituteurs syndicalistes, que j’ai combattus autrefois.

» Vous savez quels soucis ils nous ont créés, quelle peine nous nous sommes donnée, à l’Instituteur français, organe antisyndicaliste, pour ramener au simple bon sens et à la plus élémentaire prudence ces enfants terribles de la grande famille primaire, que rien n’arrêtait, ni leur propre sécurité, ni le tort qu’ils faisaient à l’École et à ses maîtres, natures ardentes, mais, à la vérité, généreuses, ne pouvant supporter d’aucune façon l’arbitraire et l’injustice.

» Pour ma part, j’ai pris, pendant cette lutte, plus d’une colère dont j’ai gardé le souvenir, mais qu’ont bien désarmée la belle tenue, le courage patriotique pendant la guerre, de ces agités, hier encore ennemis de toute discipline et pacifistes à l’excès.

» Les syndicalistes de l’École, acquis à tout ce que renferme de large humanité le socialisme français, fraternisaient avec les plus fougueux d’entre les socialistes, les moins disciplinés, mais