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riait de joie en ayant malgré tout une larme au coin de l’œil. Pour ma part je vous en donne ma parole d’honneur et de soldat, j’étais heureux sans calcul, heureux de me battre pour mon pays que j’aimais… Tous mes amis à qui j’ai dit au revoir, sans me douter que c’était un adieu, avaient la joie au cœur à l’idée de reprendre cette Alsace dont nous sommes pour la plupart originaires.

» J’insiste sur ce sentiment instinctif de patriotisme ; je voudrais que l’on nous connaisse mieux, nous autres juifs, qui n’avons pas honte de notre race et qui n’usons pas de notre fortune pour offrir des chasses aux gens ruinés à particule. Je crois que vous ne voyez que deux sortes de juifs :

» D’abord la petite aristocratie, aux fortunes énormes, et qui est peu intéressante (caractérisée par sa platitude envers les grands noms du catholicisme).

» Ensuite, les juifs polonais qui encombrent notre pays et qui, pour manger, font tous les métiers (ces derniers ne sont intéressants que par les malheurs qu’ils ont endurés en Russie).

» Mais il y a aussi les juifs croyants, sincères, aimant profondément leur pays, ne cher-