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communautés huguenotes du plus pur terroir. Elles ne doivent rien à Genève, ni à l’Allemagne, ni à la Grande-Bretagne. Ce sont des chrétiens qui chantent les psaumes en français et qui ont organisé leurs églises sur le modèle des sociétés modernes. Songez que nos traditions remontent à plus de trois siècles et que la terre de France est pour nous peuplée de souvenirs. Quand par une triste journée de décembre, depuis les tranchées du bois Saint-Mard, j’ai aperçu au-delà des lignes allemandes les toits et les clochers de Noyon, comment n’aurais-je pas souffert de sentir souillée par le Barbare, la ville de Jean Calvin ? »

(7) Note de la page 58. — « Ils sont nombreux, ces protestants qui, voyant une opposition entre la guerre en soi et la pensée de Dieu… »

La même opposition entre la loi d’amour et la guerre est sentie, exprimée mille fois, dans les lettres de toutes provenances que j’ai lues. L’abbé Bernard Lavergne, dont toutes les pensées ont un rayonnement génial, écrit : « À chaque jour suffira sa peine et sa grâce aussi. À chaque instant correspondra certainement un devoir précis de cet instant : præ-