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moral de la jeunesse française ; un réveil religieux me semblait de fort peu de prix à côté de lui. Volontiers, je me serais satisfait d’un philosophisme moral qui, répandu dans toutes les classes de la société, eût remis en honneur les idées de devoir, de solidarité, de dignité personnelle, etc. La fréquentation des camarades du régiment m’aura guéri de cette erreur. Non, il faut, pour régénérer la France, mieux que des préceptes, il faut une religion. Car les idées ne sont des « idées-forces » que pour une élite. Elles n’entraînent les esprits incultes que rarement, partiellement, momentanément. Car les préceptes ne subjuguent que péniblement les volontés : à eux seuls, ils restent plutôt une loi ingrate qu’une vie intéressante et féconde. La religion, par contre, unifie l’âme humaine. Grande constitutrice de personnalités, elle est aussi conductrice de sociétés. Elle donne un sens à la vie de chacun. Bien plus, elle attache l’homme le plus obscur à sa tâche et la sanctifie à ïes yeux… La génération qui vient montrera que la religion est tout simplement l’épanouissement de toutes les fleurs que notre qualité d’hommes comportait en boutons. »

Ce message est à signaler par son parallélisme