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de soldats auxquels j’ai donné la communion, et au nom de la théologie réformée.

» Les réformés déclarent d’institution divine deux sacrements : le baptême et la communion. Pour Calvin comme pour St-Augustin (qu’il cite expressément à ce propos), le sacrement « est le signe visible de la grâce invisible ». Ce n’est donc pas exclusivement « auprès des prêtres catholiques » que « s’épanouit le sentiment du surnaturel avec des effets extraordinaires et visibles ». Ces mots s’appliquent aussi exactement à la célébration du baptême et de la communion par les pasteurs.

» Je n’entreprends pas d’expliquer comment il s’agit pour nous réformés d’une présence réelle (spirituellement, non matériellement réelle). Après bien d’autres, Bossuet et Claude dissertaient là-dessus pendant des heures ! Quelle que soit la valeur que les catholiques reconnaissent à ces sacrements célébrés par les protestants (et ils admettent au moins la valeur du baptême) ce fait doit rester acquis : pour les protestants il existe des sacrements. Entre les catholiques et eux il y a non pas seulement comme à Nîmes aux obsèques de M. le Pasteur Babut, des sentiments qui vous touchent ; « une communion sous les espèces de l’espérance et de la souffrance », il existe tout un système commun de doctrines essentiellement religieuses… »

Je reconnais volontiers que j’ai donné une forme peu théologique à ma pensée. Voici une lettre que le jeune Alfred Æschemann, né à Lyon en 1895, tué pour la France le 17 juin 1915 à Aix-en-Noulette, écrivait du front aux étudiants de l’Association protestante de Lyon. Elle s’accorde bien avec ce que j’avais cru voir.

« … Jusqu’ici, je rêvais surtout d’un réveil