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Ce temps de misère demeurera comme un idéal pour ceux qui l’ont vécu dans leur jeunesse. Il les couvre d’une gloire qui les désignera jusqu’à leur dernier jour et qui maintiendra en eux des souvenirs plus forts que toutes nos querelles. Avec quelle joie ils se retrouveront, chaque année, aux fêtes de commémoration ! De quelle autorité ils seront investis ! Ce sont nos arbitres désignés. Ils se souviendront toujours du caractère exact de l’union sacrée durant la guerre ; ils ne laisseront jamais dire qu’elle ait été la simple excitation ou l’expédient d’un peuple surpris par le péril.

L’union sacrée n’a pas consisté à renier nos croyances, ou bien à les reléguer dans une armoire comme un objet inutile dont on reparlerait plus tard. Elle ne comportait aucun oubli de ce qui fait vivre nos consciences, mais, au contraire, elle est née de ces croyances qui, par tout ce qu’elles ont de plus excellent, se rejoignent en profondeur. Chaque famille spirituelle