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sublimes qui montent sans la troubler à la surface de leur être ! Sont-ce vraiment nos jeunes frères ? Ils naquirent deux fois : de la terre de France, d’une vieille race où chacun est noble, et puis du péril national. Les mères françaises, les plus tendres, les plus craintives qui soient au monde, ont dit à leurs garçons en 1914 : « Je t’encouragerais de la voix, si je te voyais t’élancer au-devant de l’ennemi ». (Parole de Mme Cornet-Auquier à son fils.) Ces enfants ont reçu d’héritage l’antique trésor ; bien des vertus y sommeillaient ; ils ont tout réveillé.

En les regardant agir et penser, on assiste à des résurrections. Des couches de l’âme qui chez nous étaient en jachère recommencent à produire, et ces jeunes gens possèdent des richesses intérieures que nous avions perdues. Sans rien écarter de ce qui faisait notre trésor (car ils montrent au moins autant que nous les aptitudes positives et le sens des réalités de surface), ils ne laissent rien de morne dans les parties mystérieu-