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leur honneur et leur devoir, ces soldats de dix-sept, dix-huit, vingt ans, sont « les fils de France », comme dit l’univers qui les admire. Ils le sont pleinement et pareillement. Tous répètent : « Fatigue ? c’est affaire d’énergie, de résistance morale plus que de force physique ». Chacune de leurs biographies serait l’histoire d’un approfondissement de l’âme, et tout au fond de ces âmes diverses on trouve le même feu.

Avez-vous observé qu’ils parlent de Dieu continuellement et qu’ils prient ?

Le capitaine André Cornet-Auquier, protestant, mort pour la France, raconte :

Un capitaine catholique disait l’autre jour qu’avant chaque combat il priait. Le commandant observa que ce n’était pas le moment et qu’il ferait mieux de prendre ses dispositions. « Mon commandant, répondit l’autre, cela ne m’empêche pas de prendre mes dispositions et de me battre, et je me sens plus fort. » Alors, j’ai dit : « Mon capitaine, je fais comme vous, et moi aussi je m’en trouve bien. » (Lettres d’André Cornet-Auquier, distribuées à ses amis.)