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de se résigner à la mort à vingt ans ! Il me faut sans relâche contempler les grandes idées pour lesquelles je dois combattre, comparer le prix d’une personnalité mesquine et impure à celui des principes moraux qui sont la gloire de notre race humaine. » (Le Semeur d’août 1915.) — Le jeune volontaire Paul Guieysse (tombé depuis au champ d’honneur) confie à l’ami qui l’accompagne au bureau de recrutement : « J’aime tellement la vie que si je n’avais pas une foi entière dans l’immortalité de l’âme, j’hésiterais peut-être à m’engager » (lettre communiquée). — Michel Penet, âgé de dix-neuf ans, chasseur au 8e bataillon de chasseurs à pied, raconte :

J’aurais voulu que vous assistiez, comme moi, aux demandes de départ. Le lieutenant était là, tenant en main la décision du ministre. Quels sont ceux qui veulent faire partie de l’armée envahissante ? Toutes les mains en un instant se sont levées, et ce n’était qu’un seul cri : « Moi, moi ! » J’ai vu des soldats se disputer avec leurs officiers