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au champ d’honneur, faites sortir de votre cœur, ma chère J… les mots qui consolent.

Ce matin, j’ai entendu la messe et communié avec foi, à quelques mètres des tranchées. Si je viens à mourir, je mourrai en chrétien et en Français.

Je crois en Dieu, en la France, en la victoire. Je crois en la beauté, en la jeunesse, en la vie. Puisse Dieu me protéger jusqu’au bout. Mais si mon sang est utile à notre victoire, mon Dieu, que votre volonté soit faite !

Pour faire connaître, aimer cette jeune nature si tendre et si forte, j’aurais pu me borner à transcrire ces ultima verba, et simplement je crois, ce jeune salut « à la beauté, à la jeunesse, à la vie », mais c’est par piété que je transcris toutes ces lignes qui font tant d’honneur à notre nation. Chez Rival et chez tous ses frères n’apparaît jamais aucun souci de la gloire : nul désir que de bien faire ; ils exhalent leur parfum intérieur, sans aucun souci de l’effet à produire, mais ils forment la parure de la France et nous les mettons en vue, non pour eux, que l’on ne peut payer, mais pour la gloire de la France.