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cri de Jean Rival : « En avant ! à la baïonnette pour les Françaises nos sœurs », répond le cri du jeune Bernard Lavergne. Que dit-il, celui-là ? Au 23 mai 1916, en Artois, Bernard Lavergne s’écrie : « C’est l’heure de l’assaut. En avant ! à la baïonnette pour la France et pour nos mamans ! »

Et cette exaltation tendre s’associe à la plus ferme raison. Ces enfants, qu’un passant superficiel croirait enfermés dans une vapeur d’enthousiasme, possèdent une sagesse vraie. Non pas des théories, mais une expérience qu’ils se sont faite eux-mêmes. Jean Rival se connaît comme un chef à qui il appartient de former l’outil de la victoire, en créant chez ses hommes un état d’esprit. Cet enfant de dix-neuf ans écrit au courant d’une lettre familière une page que les historiens de la guerre feront bien de retenir :

Si dans son ensemble il existe ici un esprit sain et noble, il est tout autre que celui de l’arrière et des dépôts. Un esprit fait d’inconscience et de fatalisme