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D’abord, l’expérience des hommes. En ces heures où, à chaque instant, on expose sa vie, ils se montrent tels qu’ils sont, n’ayant plus la forfanterie du bien ni du mal. Tout ce qui n’était en eux qu’acquisition factice et masque disparaît, et l’on fait ainsi la connaissance des âmes dans des conditions qui sans doute ne se retrouveront jamais.

Ensuite, l’expérience de la communion des saints. À aucun moment, je ne m’étais senti aussi près des miens et de tous ceux que j’aime ; jamais je n’aurais cru que, malgré les distances nous puissions être unis d’aussi près à ceux qui luttent avec nous…

Et c’est cela qui m’a conduit à la plus belle de ces trois expériences : à la valeur unique et merveilleuse de la prière.

Quatre jours plus tard, le 9 mai 1915, à Roclincourt, en Artois, Alfred Cazalis mourait, au côté de son lieutenant, dans une charge à la baïonnette. Son commandant, qui trois jours plus tard allait tomber lui aussi, écrivit alors à M. le pasteur Cazalis : « Je les pleure tous, mes chers petits soldats, mais surtout le vôtre, qui avait prié avec moi la veille au soir ».

Je copie de telles pages, je m’attache à